Depuis quelques années, des femmes probablement pleines de complexes mais dont certaines sont puissantes, militent pour la féminisation de la langue avec un certain succès.
Cela a commencé avec les titres et les fonctions. Nous avons vu fleurir les procureures, les docteures, les professeures. C’est totalement inutile, c’est contestable et souvent ridicule.
C’est inutile parce que cela résulte de la langue Française qui ne connait pas de neutre, contrairement à d’autres langues (he, she, it). En conséquence, le neutre, et les titres et fonction sont neutres par principe, se dit comme le masculin ( se dit, pas est). Une femme est procureur, docteur ou professeur sans que son sexe change quoique ce soit à la situation.
C’est, ensuite, ridicule car il est d’abord difficile de ne pas voir que cette féminisation se fait par une torture de la langue française dans l’indifférence, quand ce n’est pas la collaboration de l’Académie Française pourtant instituée défenseur (oui, défenseur) de la langue du même nom. Car le féminin de procureur, s’il fallait lui en donner un, n’est pas procureure mais procuratrice et celui de docteur, doctoresse. Quant au professeur…tiens, il n’a pas de féminin connu. Ce pourrait être Professoresse. Mais cela n’est ni revendiqué, ni usité (confirmé par le fait que les ordinateurs le signalent comme incorrect). Cela devrait commencer à interpeller. Une autre raison de le faire, abordée avec la professoresse, est le fait que la méthode trouve ses limites en elle-même lorsque le ridicule du résultat ne peut échapper à personne. A notre connaissance personne n’a revendiqué d’être qualifiée de pompière, d’officière, de ministresse, de chevalière, de médecine (qui a un autre sens) ou de chasseuse-alpine. Les membres féminins promus dans l’Ordre de la Légion d’honneur ont toujours été qualifiées, et c’est heureux, de Grand officier, Commandeur, Officier et chevalier !
Il est vrai qu’il y a des exceptions traditionnelles. La première et la plus certaine concerne les prénoms. Il y a toujours eu des Danielle, Pierrette et Alphonsine. La seconde exception est relative à certains langages spécifiques comme celui de la justice : les personnes impliquées dans un procès ont toujours été qualifiée, de « demanderesse » et « défenderesse ». D’autres, comme époux et épouse, sont traditionnels. Il n’est pas question de revenir sur cette tradition lorsqu’elle existe. Il faut toutefois se méfier de certains féminins, eux aussi traditionnels, notamment dans le commerce. S’il y a toujours eu des bouchère, bonlangère ou pâtissière, ce ne sont pas des personnes qui découpent la viande, font du pain ou des gâteaux mais ce sont celles qui les vendent aux clients. Il s’agit donc de deux choses différentes et il est normal de les qualifier différemment.
Mais il y a plus grave car en modifiant les termes on sous-entend nécessairement que le même titre et la même fonction sont différemment invoqués et exercés selon qu’ils le sont par un homme ou par une femme. C’est une discrimination injustifiée.
Il y a pire : lorsque le féminisme (et même un ministre féminin en exercice) entend s’attaquer à certaines formules ou certains textes fondamentaux : la devise du Panthéon (« Aux grands hommes la Patrie reconnaissante ») ; l’intitulé et l’article essentiel de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, (« Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » ).
Nous avons déjà constaté que la langue française est insuffisante, comparée à d’autres langues. Elle emploie, en effet, le mot « homme » pour désigner à la fois les personnes de sexe masculin et les êtres humains. Mais il faut être d’une particulière mauvaise foi pour soutenir que les hommes du Panthéon ou ceux de la Déclaration ne comprennent pas les femmes. On a tourné la difficulté en citant désormais les « droits humains ». Ce n’est pas faux mais bien laid. Il vaudrait mieux, à la limite, parler de « droits des hommes » ou de « droits des personnes humaines » mais certainement pas de « droits des hommes et des femmes ». Ce faisant, en effet, on les sépare les uns des autres, on fracture l’humanité qui n’a pas besoin de ça. Et l’on peut même fournir à quelques extrémistes l’idée de soutenir qu’on fait des femmes des sous-hommes. Faudrait-il parler des « femmes et des hommes » ? Personne ne l’a demandé jusqu’à présent mais ça pourrait venir !
Halte à ces discriminations que rien de justifie.