Le principe de sécurité figure désormais dans la Constitution et beaucoup s’en désolent au motif que cela bloque toute évolution scientifique.
Qu’ils se rassurent : ce principe est ignoré même des plus régaliens des services de l’Etat, ceux du secours aux personnes.
Connaissez-vous la chenille processionnaire ?
C’est une bestiole magnifique, orange fluo et noir, recouverte de superbes poils blancs et frisés qui n’ont que l’inconvénient de diffuser un venin qui brûle gravement tout ce qu’il touche allant jusqu’à nécroser des muscles ou détruire totalement, un système digestif si par malheur, la chenille est ingérée.
Jusqu’à présent la chenille processionnaire ne dépassait pas les conifères (elle ne pond que dans les conifères) du sud de la Loire. Mais réchauffement climatique aidant, elle est en train de se répandre comme une trainée de poudre au nord où, généralement on ne connait ni elle-même si ses capacités de nuisance. L’ennui c’est que les services de secours n’en ont pas pris conscience non plus.
Si donc vous avez le malheur de voir votre jardin envahi par des chenilles processionnaires et des enfants qui, comme beaucoup, se promènent pieds nus dans l’herbe, ils risquent une nécrose de la plante des pieds. S’ils sont plus âgés et qu’animés par un esprit de curiosité scientifique, ils ramassent la chenille pour l’examiner de plus près, ils auront de graves problèmes aux mains et s’ils sont plus jeunes, de l’âge où l’on porte n’importe quoi à sa bouche ou que nouveau-nés ils dorment la bouche ouverte dans leur berceau, je vous laisse imaginer la suite. Et je ne cite que pour mémoire les animaux domestiques, ou même d’exploitation qui sont, bien évidemment les plus exposés à avaler les intruses et qui mourront le tube digestif progressivement détruit dans des souffrances atroces.
Pas de panique, est-on tenté de penser: il suffit de faire couper les cocons avant la maturité de leurs habitantes.
Mais là, bonne chance !
Les pompiers ayant décidé depuis une dizaine d’années qu’ils n’interviendraient plus sur les «insectes» parce que ceux-ci ne sont pas assez dangereux, vous vous adressez à une entreprise privée. Elle vient et vous débarrasse de tout…ce qui est à moins de quinze mètres de hauteur car il semble qu’une clause de style des assurances de jardinerie ne permette pas de couvrir leurs salariés pour une hauteur supérieure. Et les naïfs de vous affirmer : « Au-dessus ce sont les pompiers ».
Et vous appelez les pompiers qui vous diront que si vous avez un lion dans votre jardin ils viendront le chercher mais que le fait que la chenille processionnaire soit, dans certaines circonstances, aussi mortelle que le lion les laisse totalement indifférents. J’ai eu droit en plus à un «Vous n’avez qu’à surveiller vos enfants ! » et « Nous n’avons pas le matériel nécessaire » (pas de matériel pour monter au-dessus de quinze mètres a tout de même de quoi surprendre pour des pompiers).
Cette chronique sera donc peut-être la dernière car dépourvue de tout autre moyen et la maturité des cocons paraissant bien avancée, je vais faire la seule chose qui reste possible : gravir le conifère pour aller moi-même les couper. Certes, j’ai fait pas mal d’alpinisme quand j’étais jeune, mais il y a longtemps et s’aventurer dans un conifère de trente mètres avec un échenilloir à la main n’est pas de la plus grande facilité. Mais je suis tout de même rassurée : si je tombe, il est probable que les pompiers viendront me chercher.
Pas d’imprudence : on tient à ce blog ! Le service public n’est plus ce qu’il était… Mais il est vrai que les pompiers peuvent se lasser de récupérer les chats de gouttières ou enfumer les nids de guêpes, et, estimer qu’il y a des tâches d’intérêt général prioritaires… C’est, en tout cas, l’occasion de rappeler aux fétichistes de la nature que les premiers ennemis de la nature sont dans la nature elle-même, et, que les furieux qui hurlent au crime contre l’humanité chaque fois que l’on veut couper un arbre pourraient mettre leur énergie à combattre les sales bêtes qui font périr les arbres le plus naturellement du monde.